L’Association pour le Droit à mourir dans la Dignité, ou A D M D existe depuis 1980.Le droit fondamental à mourir dans la dignité et selon son choix, a été initialement réclamé et promu par les francs-maçons, dont le F et sénateur Henri Cavaillet, fut l’une des chevilles ouvrières
À l’occasion du projet de loi nouvelle en préparation sur la légalisation de l’aide à mourir, il paraît indispensable de rappeler la différence qui existe entre euthanasie et suicide assisté. Je vous propose d’utiliser la méthode socratique par questions et réponses pour nous donner une idée de la problématique.
Première question : quel est le type de douleurs dont les malades pâtissent et qui, pour le patient, peuvent justifier une demande de recourir à l’aide active à mourir ?
Ce sont surtout des souffrances physiques, insuffisamment soulagées par les thérapeutiques antalgiques habituelles, (notons qu’il y a toujours une difficulté à utiliser correctement le traitement par morphine, ceci en partie par insuffisance de formation professionnelle des médecins comme des autres soignants.) Le plus important contingent de patients désirant une fin de vie sont les patients atteints de cancer au stade terminal.
Des maladies neurodégénératives comme la sclérose en plaques ou la maladie de Charcot ont leur propre champ de douleur. À ce propos il faut bien comprendre que les souffrances peuvent être non seulement physiques mais aussi et surtout psychiques. Ainsi la maladie de Charcot ou sclérose latérale amyotrophique est une maladie neurodégénérative qui aboutit inéluctablement à une paralysie progressive des fonctions essentielles, relationnelles en particulier ,touchant la parole, mais aussi l’appareil locomoteur, tout ceci en pleine conscience des dégradations corporelles et psychiques L’évolution de cette maladie peut conduire à une atteinte aigue de la respiration, c’est à dire la mort par suffocation en quelques terribles et angoissantes secondes.
Seconde question : quelle est la différence entre euthanasie et suicide assisté ?
- L’euthanasie implique la présence active d’un médecin qui a la suite d’une décision collégiale, opère un geste létal c’est-à-dire mortel, à la demande expresse, et réitérée, du patient.
- Le suicide assisté, quand à lui implique que la personne souffrante, s’injecte elle-même le produit létal en général sous la forme d’une perfusion que le patient commande lui-même. Il est évident qu’à tout moment il peut renoncer à son acte de suicide.
Cette différence entre suicide assisté et euthanasie est importante car elle nécessite que la personne soit apte à commettre le geste. Avec la conséquence juridique suivante : une loi qui se limiterait au suicide assisté exclurait de fait, certains patients atteints de maladies neurodégénératives car il ne pourrait pas se donner eux-mêmes la mort de par leur handicap.
Troisième question : Le projet de loi en préparation se limiterait donc à la légalisation du suicide assisté. Celui-ci serait donc inadapté pour le droit mourir en cas d’affections graves sans recours thérapeutiques possibles ?
Ce projet de loi impliquerait en effet que cette option entrainerait une inégalité devant la loi car les personnes qui ne sont pas en mesure de faire le geste létal elle-même, devront toujours aller en Belgique ou en Suisse où l’euthanasie est légale. Ce d’autant que le projet de loi mentionne que l’autorisation du suicide assisté à soit légalisée sous la condition qu’un pronostic vital soit engagé dans les six à 12 mois. Or si l’on reprend par exemple la maladie de Charcot,ou les affections cancéreuses ou autres ,les médecins sont incapables à ce jour de poser un pronostic vital précis.
Quatrième question : l’euthanasie appartient-elle au parcours de soins ?
Oui c’est un acte médical, qui fait partie intégrante, de la prise en charge hospitalière c’est à dire aux soins d ‘accompagnement réalisés par une équipe, pour aider le patient le mieux possible le patient vers sa fin de vie.
Rappelons des évidences : pour les patients, l’euthanasie relève de leur liberté de choix. Certains envisagent plutôt d’avoir recours au suicide assisté. D’autres considèrent que la médecine n’ayant pas réussi à les soigner c’est donc à la médecine de les accompagner jusqu’au bout. Toute la question est de savoir comment et jusqu’à quel moment ?
On peut comprendre qu’une telle pratique puisse poser des problèmes philosophiques et moraux à des praticiens, en particulier s’il existe une opposition franche des instances religieuses auxquelles ils se soumettent volontairement. Mais à l’inverse nous estimons qu’il ne faut pas qu’on empêche ceux qui le souhaitent de pouvoir jouir d’un droit aussi fondamental que de choisir sa fin de vie.
Cinquième question : c’est le moment de traiter de ce qui est illégal aujourd’hui en France.
Répétons l’euthanasie active consiste, pour un médecin, à pratiquer un acte qui précipite la mort d’un patient à sa demande expresse. Mais en cas de nécessité ou d’impossibilité de bien communiquer avec le patient, la décision appartient en partie aux proches connues comme « personnes de confiance ». D’où l’importance du testament que propose l’association pour le droit mourir dans la dignité. Il entérine le désir profond et réitéré du patient d’en finir avec la vie s’il n’y plus de prise en charge thérapeutique active autres que sédatives. Ce document n’a pas vraiment de valeur contraignante mais permet de mettre au clair pour l’équipe soignante quels sont les désirs profonds du patient d’en finir avec une vie qui n’est pas une vraie vie » .
Sixième et dernière question les inégalités devant la mort. Les inégalités sociales sont criantes devant la mort pourquoi ? JLG
Par ce qu’actuellement la France est sous-équipée en unités spécialisées en soins palliatifs en dépit du fait que la loi prévoit que chaque structure hospitalière ait un service dédié. C’est loin, très loin d’être le cas. Ce qui veut dire que dans une grande majorité de cas en phase terminale les soins dans cette phase cruciale se prolongent dans de mauvaises conditions avec des traitements qui n’entraînent pas de soulagement suffisant et du fait des restrictions en nombre du personnel hospitalier entraîne un insuffisant accompagnement psychologique.
Et c’est pourquoi que si l’on dispose de ressources financières suffisantes, on peut bénéficier du suicide assisté dans certains pays, notamment en Belgique et en Suisse., Mais la majorité des Français et des Françaises n’ont pas à ce jour accès à ce droit à mourir dans la dignité.
Rappelons simplement que le mot euthanasie veut dire en grec « bonne mort » et non pas agonie interminable dans des souffrances souvent indicibles. Il s’agit d’une question d’humanité, de respect de la personne humaine, respect du choix de chacun, respect de la libre pensée, appliquant ainsi ces vertus cardinales : qui est l’amour du prochain et l’égalité de tous devant la mort, ce sont nos valeurs maçonniques.
Adapté depuis un article paru dans Franc-Tireur de septembre 2023 qui interrogeait à ce sujet le président de l’ADMD.