Tout d’abord commençons par la définition de la spiritualité : Spiritualité vient du latin spiritus qui est l’esprit. La spiritualité est la vie de l’esprit et, selon Comte Sponteville et dont j’aime bien la définition c’est son rapport :
- De l’infini au fini, nous vivons bien dans un endroit précis, or nous sommes dans un monde infini sans limite
- De l’éternité au temporel, le temps n’a pas de limite, nous si, allant de notre naissance à notre mort.
- Du relatif à l’absolu, tout est relatif, notre vie, nos sentiments, or nous vivons dans un monde d’absolu et d’échéances
Pour d’autres la question de la spiritualité est plus simple, elle doit répondre à la question : Qui suis-je ? Elle doit aussi nous permettre de nous aider lorsque nous vivons des moments difficiles dans notre existence.
Cependant, la spiritualité est une doctrine dualiste, opposant l’esprit au matérialisme, selon laquelle l’univers possède une nature spirituelle, supérieure à la matière. L’être humain possédant un esprit ou une âme pour les croyants. Pour ces derniers, c’est Dieu, Yahweh, Bouddha ou Allah qui a crée la matière qui a engendré l’esprit. La matière est inerte par elle-même et c’est l’esprit qui l’anime.
Pour l’athée que je suis, nos pensées viennent de notre cerveau qui lui est bien une matière, on peut donc penser que la matière produit l’esprit, mais la dissociation de ces deux concepts est complexe… La neurologie elle-même nous reconnaît 2 hémisphères, l’un logique, calculateur et l’autre intuitif, poète.

N’oublions pas non plus que la spiritualité existe depuis que l’être humain existe ou plutôt depuis qu’il pense, elle sera religieuse en se reliant à un Dieu, donnant des réponses sur le « qui suis-je » puis sur l’après-mort. Il y aura aussi une spiritualité d’athée mais qui aura beaucoup de mal à s’exprimer à cause de la main-mise de l’église. Je prendrai le cas de Spinoza qui écrira en latin au lieu du Néerlandais – sa langue maternelle – pour ne pas avoir de procès religieux.
Avec les années, viendra toutefois la spiritualité dite laïque, pour certains c’est un oxymore. La spiritualité étant une démarche personnelle et la laïcité étant un mode d’organisation politique pour le « bien vivre ensemble », qui doit permettre la liberté d’opinion et de pensée de chacun que nous retrouvons dans l’article 1 de la loi du 9 Décembre 1905, qui est le suivant : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public »
De fait la laïcité défend des valeurs républicaines qui sont :
- La liberté de conscience
- L’égalité des droits
- L’exercice de la citoyenneté
Cette liberté de conscience permettant justement l’égalité de nos choix religieux et spirituels.
La laïcité à la française permet donc le libre exercice des cultes tout en garantissant qu’aucune religion ne puisse supplanter le politique. Cette spiritualité est ainsi sortie des institutions des différents dogmes religieux.
De plus, les différences majeures entre la spiritualité religieuse et la spiritualité laïque sont :
- La spiritualité religieuse, est fondé entre autres sur l’espérance, or on espère que ce que nous n’avons pas. Notre espérance est d’autant plus importante que celle-ci a peu de chance de se produire. Nous n’espérons pas que le soleil se lève demain matin ou qu’il fasse plus chaud l’été.
- Or, la spiritualité laïque elle ne s’appuie sur aucun dogme, la seule chose sur laquelle elle peut s’appuyer est l’engagement personnel dans le travail et la réflexion
Alors qu’elle relation entre la Franc Maçonnerie et la spiritualité ?
Il faut d’abord se reporter à notre histoire, et donc les constitutions d’Anderson. Dans sa première version de 1723 dans son article 1 (c’est un extrait) « Qu’il est plus convenable de les obliger seulement à être de la religion dont toutes les honnêtes gens conviennent ». Puis il y aura une version en 1738 affirmant le christianisme. La version de 1742 fera toujours référence à la religion mais répondant plutôt à une morale universelle appelée la religion universelle.
Concernant notre Obédience (le Grand Orient de France), lors de la création de l’Article 1 de notre constitution il était inscrit « La franc-maçonnerie a pour principe l’existence de dieu et l’immortalité de l’âme ». Jusqu’au convent de 1877 qui demande que notre obédience n’impose plus à ses frèresde croire en l’existence de Dieu et en l’immortalité de l’âme. Étant donné que le Grand Orient existe en sa forme actuelle depuis 1773, il faudra donc plus d’un siècle pour modifier cet article. Celui-ci suivra une évolution sociétale dont le dernier est l’intégration de la laïcité lors du Convent de 2009.

Il est crucial de bien comprendre que cet article fait référence à la philosophie, à la morale et à la métaphysique
Mais ne confondons pas spiritualité, philosophie et morale.
La philosophie c’est penser par soi-même lorsque nous nous interrogeons sur le monde, l’humanité, le bonheur, la mort, Dieu, la connaissance. Pour moi la meilleure définition est celle d’Épicure : « La philosophie est une activité, qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse »
Concernant la morale, se sont des valeurs individuelles que l’on s’impose, elle ne vaut que pour soi.
Quand commence alors la spiritualité Maçonnique ?
Pour moi, elle commence dès l’initiation, et se poursuit tout au long du parcours initiatique, qui durera toute notre vie de maçon ! Ce travail d’introspection est essentiel pour développer cette notion…
Cela nous permet de travailler sur (entre autres) les points suivants :
- La discipline du silence
- Savoir écouter, comprendre viendra après
- La suspension de tout jugement direct grâce au rituel qui doit faire tomber toute agressivité
- L’art de la litote, il est préférable de suggérer par respect de l’autre et de soit même
Mais nous ne pouvons pas parler de la spiritualité maçonnique sans parler de la symbolique. Certes, la symbolique est l’ennemi du défini, du clair, de l’évident. En revanche il est l’ami du vague, du non-dit. La symbolique intéresse beaucoup les franc maçons. Cela se voit par nombre important de livre qu’il y a sur ce sujet. Pour moi la symbolique est un outil de réflexion qui par sa nature même nous permet de travailler sur notre côté intuitif.
Voici venu le temps de conclure cette réflexion. Cette démarche de spiritualité est pour moi une démarche personnelle induite par le mode de fonctionnement de la Franc maçonnerie.
Elle me semble nécessaire pour « y élever des temples à la vertu et creuser des cachots pour les vices. » et défendre les valeurs de notre obédience qui sont entre autres :
- La Laïcité
- La défense des droits de l’homme
- La citoyenneté
- L’éthique de la fin de vie
- L’école républicaine
En fin de compte à quoi sert la spiritualité à quoi cela sert ? Eh bien restons simple :
- La spiritualité fait partie de la construction de soi d’autant plus pour le FM que je suis
- Pour notre bon plaisir
- Et par amours de ceux que nous aimons.