Un homme est présent lors d'une manifestation et présente un panneau indiquant "résiste" en anglais

La désobéissance civile

L’article 35 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793 légitime la désobéissance civile
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs »

Mais commençons par le début : « Qu’est ce que la désobéissance civile » ?

Il y a une multitude de réponses qui se complètent les unes aux autres, mais pour faire simple ; « c’est refuser délibérément et publiquement de se conformer à une loi, un règlement, un ordre ». La désobéissance civile est non violente.

La meilleure définition, pour ma part, est celle de John Rawls , philosophe américain du 20ème siècle :

« La désobéissance civile peut-être définie comme un acte public, non violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement. En agissant ainsi, on s’adresse au sens de la justice de la majorité de la communauté et on déclare que, selon une opinion mûrement réfléchie, les principes de coopération sociale entre les êtres et égaux ne sont pas actuellement respectés. ».

La désobéissance civile sur Wikipedia

Ainsi, la désobéissance civile est un acte politique par définition, si elle s’oppose, ou résiste, en aucun cas, elle n’est dans la révolte au sens classique du terme.
La révolte s’oppose à une violence par la violence or la désobéissance civile s’inscrit dans une société démocratique qui est , normalement non violente.

De plus, d’une manière générale, l’acte de la désobéissance s’inscrit par principe dans un mouvement collectif.

On pourrait le résumer en 5 points :

  • Une infraction consciente et intentionnelle : il s’agit naturellement d’enfreindre une loi
  • Un acte public : l’action doit générer un fort impact
  • Un mouvement collectif 
  • Une action pacifique
  • Un objectif clair : changer la règle dans l’intérêt du plus grand nombre

Quelle différence entre désobéissance civique et désobéissance civile ?

La désobéissance civique renvoie à sa citoyenneté, c’est une démarche d’un citoyen vers un autre citoyen pour refuser ou lutter contre une loi la considérant comme injuste. Lla désobéissance civile quant à elle apporte une notion de civilité, soit de désobéir collectivement mais dans le respect d’autrui. C’est pourquoi l’expression de désobéissance civile semble préférable. Elle met en valeur la notion d’engagement individuelle réfléchie. Selon Jean Marie Muller, philosophe Français :

«  La citoyenneté est un statut, la civilité une vertu, elle est précisément la vertu du citoyen »

Extrait du Dictionnaire de la non-violence de Jean-Marie Muller, Gordes, Relié Poche, 2005, pp.104-105.

Mais d’où vient le terme de désobéissance civile ?

Il provient d’un texte écrit par Henry David Thoreau, un américain né le 12 juillet 1817 à Concord ,diplômé d’Harvard en 1837. Il devient professeur à l’école public de sa ville de naissance et ne le restera qu’une semaine parce qu’il refuse de battre les enfants.

Il va donc créer sa propre école. Il deviendra un fervent défenseur du « Transcendantalisme », qu’il avait connu en 1835. C’est un mouvement créé dans la première moitié du 19ème siècle aux Etats unis qui croyait en la bonté des hommes et de la nature , que les institutions politiques ou religieuses corrompaient. Une véritable communauté ne pouvait être formée qu’à partir d’individus autonomes et indépendants.

Le 4 juillet 1845, il décide de vivre seul au bord de l’étang de Walden pour un durée de deux ans. Il souhait vivre en pleine nature pour réfléchir et écrire. Un jour, il retourne en ville à Concord pour aller chercher une paire de chaussure chez le cordonnier, en route , il rencontre le fils de l’aubergiste qui récolte les impôts, qui lui rappelle qu’il doit depuis plusieurs année la capitation.

Thoreau refuse de payer un impôt qui sert à soutenir la guerre contre le Mexique depuis l’annexion du Texas aux états-unis. Il ira donc en prison pour une nuit.

L’histoire veut qu’une personne de sa famille ait payé. Après ce bref séjour en prison, il écrira un texte qui est : « Résistance civile à un gouvernement » qui sera publié en 1849.

Cependant, il sera publié après sa mort avec la totalité de son œuvre en 1866, avec le titre « de la désobéissance civile (petit texte fondamental de 48 pages) ».

Il meurt en 1862 . Je vous rappelle, quand Thoreau écrit ce livre, il y a la guerre au Mexique et l’esclavagisme existe encore aux Etats-unis ( abolition de l’esclavage en France le 27 Avril 1848 par le F؞ Schœlcher), je cite une phrase qui est pour moi représentative de Thoureau :

Le citoyen doit-il,un seul instant, dans quelque mesure que se soit, abandonner sa conscience au législateur ? Pourquoi, alors, chacun aurait-il une conscience ? Je pense que nous devons d’abord être des hommes et ensuite des sujets. La seule obligation que j’ai, vient après celle du droit. La seule obligation que j’ai le droit d’adopter, c’est d’agir à tout moment selon ce qui me parait juste

La désobéissance civile par Thoreau (1849)

Pour continuer d’illustrer mon propos, je vais prendre le cas de Madame Rosa Parks. Le 1er décembre 1955, une femme noire de 42 ans refuse de donner sa place dans un bus de l’Alabama à un homme blanc.

Cette femme qui avait toujours vécu dans un racisme d’état (par exemple ; les bus scolaires étaient interdits aux enfants noirs) dit : «  NON ». Elle sera donc arrêtée par des policiers et condamner à payer un amende de 15$ qu’elle refuse de payer.

Le 5 décembre 1955, le jour de son jugement, un jeune pasteur noir crée un mouvement de boycott pour les bus de la ville de Montgomery. Ce mouvement dura 381 jours. Des milliers de personnes refusent de monter dans les bus, se rendant à pied en taxi ou en covoiturage à leur travail.

Ce Jeune pasteur s’appelait « Martin Luther King ». La cour suprême des Etats-Unis vote la fin de la ségrégation raciale dans les bus municipaux le 13 novembre 1956. Cependant , il faudra attendre 1964 pour interdire toute forme de ségrégation raciale par l’intermédiaire du civil rights act. Cette femme a-t-elle eu tort de ne pas se lever ? Martin Luther King a-t-il bien fait d’organiser le 28 Août 1963 la marche sur Washington regroupant 250 000 personnes ? « I have a dream ».

On peut, de nos jours encore voir des actes de désobéissance civile, par exemple :

  • L’association du droit au logement avec la prise de bâtiment public
  • Les faucheurs volontaires d’OGM

Le franc maçon du GODF que je suis, défend la république et la démocratie et à pour devise : «  Liberté, égalité, fraternité ».

Or, je dois aussi améliorer l’homme et la société, en commencent par moi. Là, est la première ambiguïté, devons-nous impérativement respecter la loi si nous voulons améliorer la société et surtout lui permettre de réfléchir autrement ? Pour lui permettre de faire ses propres choix.

Par opposition à ce que je viens de vous dire, à travers son histoire, le GODF a participé activement à l’évolution de notre société:

  • L’abolition de l’esclavage
  • L’école obligatoire et gratuite
  • La pilule contraceptive
  • L’IVG
  • Le PACS
  • Le mariage pour tous

Donc, dans le pur respect des institutions républicaines, le GODF a su faire évoluer la société…

Lors de la dernière élection présidentielle, notre président de la république a été élu avec 66% des voix avec près de 25% d’abstention, il y a donc 49,5% des gens inscrits qui ont voté pour lui, y compris ceux qui ont voulu faire un vote d’opposition à sa concurrente, donc, nous pouvons nous poser une question sur sa légitimité.

C’est pire pour les Législatives, avec un taux d’abstention de plus 50% au premier tour et 52% au second tour. Donc, le pouvoir législatif représente t’il la population française ? « La démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres ».

J’aime cet aphorisme de Winston Churchill. Le but de ma planche n’étant pas de critiquer notre système démocratique, mais de nous pousser à poser la question sur sa représentativité et de voir s’il existe d’autres solutions ? Le pouvoir exécutif et législatif représentent t-ils vraiment le peuple et par conséquent devons-nous respecter ses lois ?

En conséquence, la désobéissance civile a-t-elle sa légitimité dans une démocratie ?

Outre, ce que je viens de vous lire sur le système démocratique, nous pouvons penser qu’elle n’a pas sa place dans une démocratie étant donné que les lois sont votées dans un système de représentativité. Je peux l’entendre, je ne suis pas forcément d’accord mais je peux l’entendre. Cependant, si notre système politique intègre d’autres critères tels que les droits humains, des textes internationaux, ou autres, alors, la désobéissance civile est d’autant plus nécessaire.

Mais, nous pouvons avoir une position. Dans une collectivité, il faut de l’obéissance, d’autant plus aux lois, sinon c’est le chaos il faut accepter les règles du jeu démocratique et rester fidèle au pacte républicain, pour notre propre liberté.

Nous déléguons donc, une obéissance de service pour le plus grand nombre, pas une obéissance de soumission. Cela induit de fait, des frictions et nous, Francs-maçons savons ce que c’est…

Je pense que la désobéissance civile est une friction nécessaire dans un système politique qui peut être trop bien huilé.