devil, generative ai, devilish, hell, sample, eng, religion, devil, devil, devil, devil, devil

Entre déchéance et rédemption, la porte du mystère du diable entrouverte…

  • El diablo… 
  • Der Teufel… 
  • Il diavolo
  • Akuma… 
  • Shaitan… 
  • Le diable… 
  • Satan… 
  • Iblis… 
  • Lucifer… 
  • Belzebuth… 
  • Le Malin…
  • Mephistophélès… 
  • Le tentateur… 
  • Le prince des ténèbres… 
  • Voldemort ?

Que de noms, qui parlent à notre imaginaire, qui font ressortir des souvenirs, des émotions. 

Une simplification à l’extrême serait d’appeler ça “le mal”, mais nous ne sommes pas ici pour rester dans le superficiel !

Alors permettez moi de vous emmener vers le vice et sa représentation au fil du temps, ainsi que les impacts sociétaux associés à cette vision. 

Nous commencerons par faire un rapide aperçu de cette représentation à l’époque antique, pré-monothéisme chrétien. 

Après un aperçu de ce positionnement à l’époque médiévale, nous partirons sur une œuvre centrale sur ce sujet, la divine comédie de Dante Alighieri. 

Enfin, nous verrons les conséquences de cette évolution à partir du XIIème siècle.

Époque antique

Les données que nous avons sur la vision du mal à l’époque préhistorique sont encore très spéculatives. Nous allons donc commencer cette réflexion au moment de l’époque antique, avant l’arrivée des religions du livre en tant que références pour une majorité de la population des “vieux continents”. 

Il serait abusif d’espérer recouvrir tous les peuples  sur toute antiquité. Nous parlons ici de plus de 4 000 ans d’histoire… Toutefois, essayons de voir les points communs qui se dégagent. 

Se tourner vers une explication mystique sur les phénomènes inexpliqués (pluie, lever du soleil etc.) a, de toujours, été un mode de fonctionnement “naturel” pour les populations humaines. 

Au cours de l’antiquité, nous avons donc une personnification de l’inexplicable, du terrifiant, sur des entités surnaturelles identifiables, et nommables. L’ineffable, l’innommable prend ainsi un visage, un destin, une vocation, et donc, une justification. 

1. Un griffon 2. Une harpie 3. Un satyre 4. Un titan 5. Un hippocampe 6. Une sirène

Il convient également de noter qu’à cette époque, ces créatures, ces dieux et déesses, interviennent sur la destinée humaine. On voit par exemple l’interventionnisme des dieux grecs dans l’odyssée d’Ulysse ou l’énéide de Virgile (que nous retrouverons plus tard), alliés ou ennemis en fonction . 

La mythologie autour de ces entités est variée, passant des dieux aux harpies, sirènes et autres minotaures. 

Sans pour autant qu’il y ait déjà cette notion judéo-chrétienne de “péchés”, nous avons une personnification des défauts des humains et des catastrophes pouvant les toucher. Ces personnifications des aspérités de l’être permettait de l’identifier pour s’en défier et y travailler. 

On peut toutefois noter que ce mode de fonctionnement permettait de repousser sur une altérité inaccessible les fautes de l’humanité. Ce ne sont pas les humains qui sont en faute, mais bien ces incarnations. Point que nous retrouverons dans le bas moyen-âge.  

Je souhaite partager avec vous une partie de la thèse de René Girard. Celui-ci a, le premier, théorisé le concept de violence et de désir mimétique.

La base de la théorie girardienne est la suivante :

à l’origine d’un désir, il y a toujours (…) le spectacle d’un autre désir, réel ou illusoire”. De manière plus prosaïque, je désire ce que l’autre désire. Ainsi, nous avons le conflit entre Romulus et Rémus sur la création de Rome qui amène au bannissement ou à la mort de Romulus.

Extrait de la thèse de René Girard sur le désir mimétique

lus prosaïquement, nous avons les scènes de foules en colère lors des soldes ou lors de la sortie de la dernière basket ou du dernier iphone.

Sa théorie indique donc que par essence, toute société, quelle que soit sa taille, se retrouvera en conflit plus ou moins important concernant un désir mutuel ou, selon ses propres termes, un désir mimétique. 

Il introduit également un concept dit de médiateur externe sur les sociétés, et c’est bien ici que les divinités entrent dans la danse sous deux axes : 

Tout d’abord, ce médiateur est un outil pour les sociétés pour personnifier et éloigner ce désir et par extension cette violence. Les entités surnaturelles représentent dans les sociétés antiques (ou archaïques comme il les définit) cette expression du désir, et sont donc des causes des violences générées par les sociétés elles-mêmes. Les causes de la violence sont reportées sur les entités.

Dans un second temps, dans les sociétés archaïques, ces médiateurs permettaient d’assurer un rôle stabilisateur dans les échanges sociaux. La dualité plus ou moins nette des créatures au sens large permettaient d’inculquer les valeurs morales au sein de l’humanité. 

Nous avons donc, ces entités – maléfiques en particulier – permettant aux personnes d’une part de se déculpabiliser, et d’autre part de limiter les impacts de ces désirs et de ces violences. Par ailleurs, nous avons dans l’imaginaire collectif une prise de position active sur l’humanité de ces entités. 

Cette vision dédouane totalement les humains de leurs actes, et fait passer la justice / la vengeance au niveau sociétal par le biais des injonctions divines. 
Comme le disait Milton, dans son Paradis perdu :

Le mal est toujours à l’affût, cherchant à corrompre et à détruire tout ce qui est bon dans ce monde.

Soyons bien clairs, je viens de vous parler de l’antiquité comme d’une grosse patate cohérente et continue. Or, nous parlons d’une période qui, selon le découpage des historiens, a commencé en 3 500 avant JC et s’est terminée en 476 après JC… 4 000 ans d’histoire sur plusieurs civilisations aussi éloignées géographiquement que culturellement ne saurait être réduite à un concept congruent, mais nous n’avons pas toute la vie devant nous…

Suivant cette doctrine d’optimisation, je vais donc passer au moyen-âge, et je vais le circonscrire selon plusieurs critères. 

Tout d’abord, nous n’allons ici aborder que la vision d’Europe occidentale, même s’il ne faut pas négliger les inspirations byzantines dans les arguments par la suite exposés. 

Enfin, je ferai deux distinctions temporelles. Pour rappel, le moyen âge, pour les historiens, a commencé en 476 et s’est terminé aux alentours de 1 500 avec les temps modernes, puis l’époque contemporaine. Il est toutefois admis deux gros découpages, le haut moyen-âge et le bas moyen-âge, trouvant leur distinction un peu après l’an mille. 

Ce découpage est pour moi essentiel dans la perception du mal sur cette époque, sa vision ayant radicalement changé entre les deux époques et verra arriver un ouvrage majeur dans l’histoire de celui qu’il faut maintenant bien appeler le diable, la divine comédie de Dante Alighieri.

Le haut moyen-âge

Pour rappel, 476, destruction de l’empire romain suite aux attaques “barbares”. L’Europe occidentale est éclatée en petits royaumes. Dans la zone de l’empire romain, le christianisme est déjà implanté, celui-ci étant devenu la religion d’État à partir de Constantin, pour des raisons politiques.

Toutefois, que ce soit dans les royaumes germaniques, ou celtiques, les cultes paganistes restent prépondérants, et la stratégie appliquée pour développer le christianisme est de fédérer l’élite de la société, puis de faire en sorte que le reste de la population reprenne la suite, le ruissellement comme dirait l’autre…

Il est toutefois à noter que dans cette première partie de l’ère chrétienne, Dieu est considéré comme bon ET infaillible. La présence du diable est assez anecdotique (totalement absent de l’ancien testament, et quelques mentions dans le nouveau). Saint Augustin ou Saint Thomas d’Aquin le voient plus comme un diablotin farceur sans réel pouvoir ou au pire comme un corrupteur. 

La chrétienté ne s’est toutefois pas encore “débarrassée” des influences maléfiques paganistes. Le rôle de celle-ci est donc de fournir une protection contre celles-ci. 

Ce qui s’exprime sous divers angles, je vais en extraire deux qui me semblent assez parlants. 

Nous avons tout d’abord l’architecture chrétienne, à cette époque appelée la période romane. Nous sommes sur des constructions massives et solides, renforcées par des contreforts, des arcs en cintre. On est sur la solidité, la résistance. Les églises au sens large sont là pour protéger la population du mal, résister aux assauts, rassurer. cf. le notre père, délivrez-nous du mal.

Ensuite, nous avons la vision des humains qui agissent mal. Le Diable est parmi nous. Pour simplifier à l’extrême, ceux qui font le mal choisissent de le suivre. Ils sont donc mauvais fondamentalement. Nous ne parlons pas de la faute d’un être neutre, mais d’un fond maléfique. Donc, c’est la personne que l’on punit, et non son acte. On voit ici un rappel de la théorie de Girard que je vous ai expliquée plus tôt.

La question du “comment dieu a-t-il pu créer des êtres capables de vilenie” n’est pas soldée et verra une réponse dans divers mouvements hérétiques tels que les Cathares, ou les Vaudois, mais nous y reviendrons un peu plus tard. 

Nous sommes sur un positionnement complexe pour l’église catholique, avec un dieu qui a donné le libre arbitre aux êtres humains, et qui punit ceux qui fautent (cf. Adam & Eve, Le déluge, et plus si affinités).

Selon l’anthropologue Ruth Benedict,

les cultures peuvent être classées en fonction de l’importance de l’utilisation de la honte ou de la culpabilité pour réguler socialement les activités de leurs membres. 

Dans le bas moyen-âge, nous sommes totalement sur la culture de la honte, donc la conséquence est l’ostracisation des êtres “fautifs”. On parlera ainsi de mise à mort ou de bannissement de l’ennemi interne, sans rédemption possible.

Vous en voulez plus ? découvrir l’apparition du Diable dans la divine comédie ? La description des enfers ? Et les liens avec nos sociétés ? Alors n’hésitez plus, contactez nous pour nous rejoindre ! Le formulaire est juste en dessous !

Retour en haut